Je pense que cet article fait partie d'un ensemble qui serait plus argumenté sur certains points – j'espère – car certains raccourcis sont regretables…
1 – "En fait, les personnes bien scolarisées sont très souvent improductives (que ce soit des fonctionnaires ou des chômeurs) ; les véritables producteurs (paysans, pêcheurs et artisans) sont soit illettrés, soit mal scolarisés"
Pourquoi mettre le poids de ce constat sur la langue française et non pas sur le système éducatif qui tend à dénigrer les métiers "populaires" – artisanat – au profit des statuts de rond de cuire ?
Comme le dit l'article nous avons hérité d'un système EDUCATIF français, et en France même il y a eu – il y a – le même phénomène de desertion des métiers de l'artisanat quand on fait des études. Je ne vois donc aucun rapport avec le fait de parler exclusivement français ou non, mais plutôt le système de valeur qui est véhiculé.
Ne pas oublier également que pendant des années, le système colonial a mis en avant les "administrations", qui étaient synonyme de pouvoir et de richesse, et les africains (francophone) ont gardé longtemps dans leur inconscient le fait "fonctionnaire = réussite"
2 – "Les pays africains qui sont les plus scolarisés et où l'on connaît le mieux le français sont en fait les plus déséquilibrés. C'est le cas du Congo-Brazzaville qui a connu des guerres civiles et des massacres inouïs ces dernières années (notamment en 1999)"
Là encore, le raccourcis est malheureux. Le Congo Brazza a été pendant longtemps l'un des pays au monde (oui, monde) le plus alphabétisé, en français, et cela expliquerait les guerre civiles !? Que dire alors de la RDC ou l'utilisation du français est pendant moins prégnant, notamment dans l'EST du pays ? Que dire de la Tanzanie, de l'Angola avec ces 20 ans de guerre civiles, etc… Encore une fois, que vient faire la langue la dedans ?!
Pour revenir au Congo Brazza, le français est la langue officielle mais il y a 2 langues nationales (lingala et kituba) qui sont parlé peu ou prou dans les grandes villes, du sud notamment. A la télé il y a toujours eu des journaux d'information dans les 2 langues en plus du mythique journal de 20h, en français. En RDC c'était le lingala et le swahili (le tshiluba ? je ne me rappelle plus). Le lingala est également enseigné à la fac de Brazza.
Donc le Congo Bazza, où le français est largement répandu, a tout de même gardé ses langues dans l'usage courant, même si, comme beaucoup de pays francophone, le français était largement imposé.
Autre point que l'article ne soulève pas, sur le Congo, le pays compte à peine plus de 3 millions d'habitants, pour près de 200 langues vernaculaires (!). Et même si le choix du lingala et du kituba ont été imposé par les gourvenant post-décolonisation, je laisse imaginer ici les disputes fratricides qu'il y aurait si l'on décidait d'imposer ces 2 langues là dans tout le pays. L'utilisation du français permet une neutralité "ethnique" dans la langue
3 – Et d'une manière générale, cet article néglige cet aspect; le français reste LA langue officielle dans beaucoup de pays d'Afrfique (et l'anglais pour les anglo) simplement parce qu'il permet une neutralité dans le patchwork ethnique que sont nos pays artificiellement créé. Dans l'exemple que l'auteur donne (le Mali), cet aspect est négligé. Imposer le Bambara aux Malinké ou aux Peuls…
A de rares exception près (Swahili, Wolof), les langues parlé ne touchent pas de grands bassins de population. Même le lingala en Afrique central ne touche – grosso modo – que Brazza, Kinshasa et quelques rares personnes à Bangui. Comment voulez-vous l'imposer aux autres populations ?
4 – Boubacar Boris Diop a édité en Wolof (Doomi Golo, 2003), avant de re-traduire son ouvrage en français car les personnes qui lisent, en français, n'arrivaient pas à le lire en Wolof (et ça n'a rien à avoir avec les caractère graphique). Il faudrait, comme vous le suggerez, imposer l'apprentissage du Wolof pour éviter ce phénomène ? Je propose à ceux qui le pense d'aller en Casamance et leur dire qu'on leur impose le Wolof…
5 – Il est prouvé que ceux qui comprennent plusieurs langues différentes développent des capacité intellectuelles (adaptation, réactivité…) importantes, de mon point de vue il fuat donc apprendre le plus de langues possibles, les comprend, les parler. Mais le mouvement de convergence vers une langue commune d'échange est inéluctable. Ce ne sera surement pas le français mais l'anglais, et les pays francophones devraient mettre le paquet dans l'apprentissage, dès le primaire, de l'anglais si l'on veut participer au développement économique. L'allemand est à considérer de plus en plus aussi d'ailleurs.
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Par : Joss
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